Contralto – Marie-Nicole Lemieux
Piano – Roger Vignoles
Program:
Mélodies by Fauré, Lekeu, Hahn, Koechlin, Debussy, Duparc, Wolf, Rachmaninov
Contralto – Marie-Nicole Lemieux
Piano – Roger Vignoles
Program:
Mélodies by Fauré, Lekeu, Hahn, Koechlin, Debussy, Duparc, Wolf, Rachmaninov
Musical director – Jean-Marie Zeitouni
Stage director – Alain Gauthier
Samson – Endrik Wottrich
Dalila – Marie-Nicole Lemieux
Le Grand-prêtre de Dagon – Gregory Dahl
Abimélech – Philip Kalmanovitch
Le Vieillard hébreu – Alain Coulombe
Orchestre Symphonique de Montréal
Choeur de l’Opéra de Montréal
Chorus master – Claude Webster
Opéra de Montréal | January 2015
“Marie-Nicole Lemieux dominates an evening of unrequited expectations”
The one exception, and the chief attraction of the OdeM’s present production, is the first Dalila of the internationally renowned mezzo-soprano, Marie-Nicole Lemieux. One of Québec’s most treasured cultural exports, she totally dominated proceedings on opening night. Her Dalila was more driven than a mere “femme fatale”. This Dalila seduced principally through vocal sensuality. The vocal opulence, musicality, range of colour and nuance, as well as the sensibility and implication with which she imbued her Dalila, more than made up for rare moments of uncertain focus and driven tone. “Amour viens aider ma faiblesse” was beautifully scaled and well negotiated but it was in “Mon cœur s’œuvre à ta voix” that Lemieux showed true poetry and a superb sense of line, phrasing and mezza-voce. More important, she succeeded in creating a psychologically compelling character. This was a most impressive first performance of a role that is likely to become an increasingly important part of her active repertoire.
Richard Turp | Bachtrack, 25 janvier 2015
“Prise de rôle subtile”
Marie-Nicole Lemieux réussit une belle prise de rôle, très subtile dans “Mon coeur s’ouvre à ta voix” et surtout “Printemps qui commence”. Le défi, pour elle, sera la maîtrise des scènes de courroux et du processus de séduction du 1er acte. La platitude de la scénographie ne l’aide pas ici, mais un boulevard s’ouvre devant elle sur les scènes internationales pour succéder à la Dalila des vingt dernières années, Olga Borodina.
Christophe Huss | Le Devoir, 26 janvier 2015
“Marie-Nicole Lemieux, une Dalila au port altier”
La contralto Marie-Nicole Lemieux a les qualités requises pour devenir une grande Dalila. Vocalement, ce rôle arrive à point nommé dans sa carrière. La voix est impressionnante et déploie un éventail de sentiments sans forcer le trait. (…) la force du chant est à couper le souffle. »
Jacques Hétu | ResMusica, 27 janvier 2015
C’est avec une grande fébrilité que le public de l’Opéra de Montréal attendait cette nouvelle production de Samson et Dalila, qui permet à Marie-Nicole Lemieux d’ajouter à son répertoire un rôle dont elle offre un portrait envoûtant et qu’elle marque de sa forte personnalité. On ne sait quoi admirer le plus chez sa Dalila, du timbre chaud d’une voix aux très riches harmoniques, du legato exceptionnel ou de la sensualité quasi troublante d’un chant extraordinairement raffiné. À la fin du premier acte, elle parvient à suspendre la salle tout entière à ses lèvres avec un « Printemps qui commence » d’anthologie, presque susurré, d’une extrême séduction. (…) le duo avec le Grand-Prêtre et surtout la grande scène avec Samson sont absolument magistraux. Ensorcelant, « Mon cœur s’ouvre à ta voix » ne laisse d’autre choix au chef des Hébreux que de capituler devant tant de beauté et d’ardeur…
Louis Bilodeau | L’Avant-Scène Opéra, 24 janvier 2015
Glorieuse Dalila. Pour son 35ème anniversaire, l’Opéra de Montréal s’est offert la prise de rôle de Marie-Nicole Lemieux en Dalila. Et il est évident que les scènes du monde entier vont désormais s’arracher la contralto canadienne dans ce rôle, qu’elle a su aborder au bon moment de son évolution vocale.
Christophe Huss | Opéra Magazine
The company placed great stress on the debut of Marie-Nicole Lemieux as Dalila. She sang with radiant tone and musical refinement. “Mon coeur s’ouvre à ta voix” was a soft exercise in seduction rather than a showpiece, and the paean to spring in Act 1 was beautifully poised. Yet this diva could summon harsher sounds in her wicked moments and belted out quite a “lâche!” at the wavering Samson in Act 2. It was a complete portrayal.
Arthur Kaptainis | Montreal Gazette, 27 janvier 2015
« Lemieux made a satisfying role debut as Dalila; she is a natural for the part. Her Dalila was more lovely than venomous, she still found the needed edge for a fine duet with Gregory Dahl, grandly villainous as the High Priest, and kept it for a powerful seduction scene with Samson, the best moment of the night. It culminated in a brutal “lâche!” that was hurled like a spear. »
Lev Bratishenko | Opera News, 24 janvier 2015
Marie-Nicole Lemieux, contralto
Roger Vignoles, piano
Quatuor Psophos [3, 23]
1-3. Guillaume Lekeu – Trois poèmes
4-7. Hugo Wolf – Auch kleine Dinge | Du denkst mit einem Fädchen | Mein Liebster singt | Wohl kenn’ ich Euren Stand
8-12. Gabriel Fauré – Cinq mélodies ‘de Venise’ op.58
13-17. Serge Rachmaninoff – O, net, moliou ne ukhodi! | Outro | Moltchan | I notchi toïnoi | Ne poï, krasavitsa, pri mne op.4 | Ostrovok op.14/2
18-22. Charles Koechlin – Si tu le veux | Menuet op.5 | La pêche | L’hiver | La lune op.8
23. Ernest Chausson – Chanson perpétuelle op. posth.37
Released on Novembre 24, 2014 by Naïve
REF V5355 – EAN 822186053553
« D’un tempérament irrisistible et d’une splendide couleur de timbre, Marie-Nicole Lemieux est une percutante Azucena. »
Opéra Magazine
Musical director – Daniele Gatti
Stage director – Alvis Hermanis
with Francesco Meli (Manrico), Anna Netrebko (Leonora), Plácido Domingo (Il Conte di Luna), Marie-Nicole Lemieux (Azucena), Riccardo Zanellato (Ferrando), Diana Haller (Ines), Gérard Schneider (Ruiz/Un messager), Raimundas Juzuitis (Un vieux Tzigane)
Théâtre des Champs-Elysées (Paris) | June 2014
Au meilleur de sa forme, Marie-Nicole Lemieux maîtrise toutes les ressources de son art, joue de son vibrato avec une aisance confondante, assombrit sa voix aussi vivement qu’elle fermerait les yeux, fait éclater ses aigus comme des gerbes. Il y a une telle générosité chez cette artiste que c’est elle avant tout qu’on retiendra de cette Italiana in Algeri donnée au Théâtre des Champs-Élysées »
Christian Wasselin | Webtheatre, June 16, 2014
Marie-Nicole Lemieux, il est vrai au mieux de ses éclats, Isabella pétulante, y compris dans ses minauderies (parfois excessives) et son décolleté plongeant, dispensée à travers une colorature sans faille, un alto profond et une parfaite égalité de tessiture.
Pierre-René Serna | Concertclassic, June 10, 2014
Opéra National de Lorraine (Nancy), 2012
C’est, bien sûr, Marie-Nicole Lemieux qui crée l’événement. (…) Sa voix est ample, sonore, homogène sur toute la longueur, pleine et généreuse dans le registre grave, insolente dans l’aigu (…). Quant à la présence scénique, elle est foudroyante; son Isabella déborde d’énergie, n’a aucune peine à jouer les séductrices (…) Une victoire pour les féministes! De toute évidence, la bouillonnante Canadienne vise désormais les grands contraltos, auxquels le Pesarais a consacré des pages inoubliables.
Michel Parouty | Opéra Magazine
Succédant in loco à Lucia Valentini-Terrani, qu’elle nous a confié profondément admirer, Marie-Nicole Lemieux aborde pour la première fois le rôle d’Isabella et réussit d’emblée une incarnation mémorable. La tessiture plutôt grave du rôle convient parfaitement à sa voix de contralto, cependant non dénuée d’aigus, sa forte personnalité emporte tout. Elle use de ses graves plantureux et de ses formes généreuses pour camper un personnage drôlissime et truculent. Irrésistible !
Michel Thomé | ResMusica, February 20, 2012
L’Opéra national de Lorraine offre à Marie-Nicole Lemieux sa première Isabella. Comme d’habitude, la contralto québécoise ne s’économise pas et a plus d’un tour dans sac : elle joue de son physique, accumule les mimiques, se déplace prestement, interagit avec ses partenaires de façon naturelle et, de surcroit, déploie un chant techniquement supérieur, fermement tenu et aux registres diversifiés.
Sébastien Foucart | Concertonet, February 17, 2012
Le plateau s’en donne à cœur joie, à commencer par Marie-Nicole Lemieux. Pouvait-on s’attendre à moins de la part d’une Mrs Quickly qui plus d’une fois a fait de l’ombre à Falstaff même ? Du tempérament à revendre, et un physique qui ne passe pas inaperçu, voilà ce qu’il faut à Isabella, qui les mène tous par le bout du nez, et fait sa propre loi jusqu’au fin fond de nulle part. Avec cela la rousseur d’une Rita Hayworth aux rotondités voluptueuses. Et surtout un contralto idéalement truculent.
Car bien plus que les travestis baroques, haendéliens ou vivaldiens d’ailleurs, la vocalité rossinienne flatte un instrument au potentiel immense. Dans le haut du registre, le timbre s’épanouit naturellement, d’une sensualité diaprée, quand le grave tonne, poitriné avec une irrésistible gouaille. Les agilités coulent de source, tour à tour langoureuses et facétieuses, tandis que le cantabile témoigne d’une tenue belcantiste – malmenée ailleurs par excès d’énergie héroïque – tout bonnement renversante.
Mehdi Mahdavi | Altamusica, February 19, 2012
La contralto canadienne Marie-Nicole Lemieux endosse pour la première fois le rôle titre et manifestement s’en régale, jouant des rondeurs pulpeuses de sa silhouette comme de celles de sa voix qui déroule des coloratures d’ambre patinée.
Caroline Alexander | Webthea, February 20, 2012
Théâtre des Champs-Elysées (Paris), May 2014
Quelle est donc cette mystérieuse alchimie qui préside à l’accord idéal de deux voix ? Pourquoi notre oreille se délecte-t-elle ainsi de la fusion entre le timbre argentin de la soprano Patrizia Ciofi et les sonorités mordorées de la mezzo Marie-Nicole Lemieux ? Comme autrefois Montserrat Caballé et Marilyn Horne, voici deux chanteuses magnifiques qui « font équipe » pour hisser leur art sur les cimes de l’Olympe lyrique. (…) Artiste généreuse, voix ample et facile sur l’ensemble de la tessiture, Marie-Nicole Lemieux a considérablement peaufiné l’unité entre les divers registres de sa voix, du plus grave aux aigus dardés comme de chevaleresques épées. Il faut (…) se laisser emporter par une musicalité sans affectation qui convient si bien au tempérament mélancolique de Tancrède.
Emmanuelle Giuliani | La Croix
L’absolu est atteint par le couple d’amoureux : Marie-Nicole Lemieux et son timbre riche et charnu, la ductilité de ses traits, sa présence scénique culminant dans une mort suspendue d’une grande beauté.
Marie-Aude Roux | Le Monde
Ce sont les deux rôles principaux qui font le prix de la soirée. La contralto canadienne Marie-Nicole Lemieux met en valeur les sentiments tourmentés du rôle-titre, cet amoureux d’Amenaide banni de Syracuse depuis sa jeunesse, par une ligne de chant à la fois noble, ductile et parée de mille couleurs.
Philippe Venturini | Les Echos, May 22, 2014
Marie-Nicole Lemieux dans cette prise de rôle réussit son passage au Rossini serio. Le chant, d’une sobriété bienvenue, n’a pas besoin de s’inventer des notes pour répondre aux exigences de la partition. La voix est longue, égale, déliée, la ligne tenue, l’accent prenant. « Di tanti palpiti » (de tant d’émois), cette aria di sortita qui fit le succès de l’opéra, est interprété avec l’ardeur juvénile qui convient. C’est pourtant la scène finale que l’on retient, auquel sied un dénuement dont Marie-Nicole Lemieux devrait faire plus souvent usage. Ce Tancredi existe aussi scéniquement, crédible dans son complet gris ou sa tenue d’officier avec cette barbiche rousse.
Christophe Rizoud | Forum Opéra, May 19, 2014
La prestation la plus impressionnante, celle qui se détache du reste, c’est l’incarnation de Tancredi par Marie-Nicole Lemieux. Complètement travestie en homme, méconnaissable, la grande mezzo-soprano a créé l’illusion : le public ne s’est pas demandé à un seul instant ce qu’il devait penser du rôle (le héros masculin de l’opéra étant, sur scène, une femme), Tancredi était présent devant les spectateurs, animé par la fougue, débordant d’amour pour sa promise et bouillonnant de haine contre son rival. Son timbre chaleureux et sa technique impeccable se mêlaient harmonieusement au chant coloré de Patrizia Ciofi, qui jouait Amenaide.
Julie Jozwiak | Bachtrack, May 29, 2014
La prise de rôle de la contralto canadienne était attendue. Tube de l’opéra, son air d’entrée « O patria… Di tanti palpiti… » montre la chanteuse à son meilleur, phrasant avec noblesse, sachant varier les couleurs mais se refusant à tout excès dans l’ornementation… (…) Jusqu’à la mort du héros, que Marie-Nicole Lemieux rend bouleversante.
Philippe Thanh | La Lettre du Musicien, May 23, 2014
On attendait surtout, à vrai dire, le duo Patrizia Ciofi et Marie-Nicole Lemieux. Elles n’ont pas déçu (…) La mezzo canadienne (…) privilégie une conception très intériorisée du rôle, Tancrède victime du destin et de lui-même. Mais l’élégance du phrasé, la noblesse de l’incarnation emportent l’adhésion, la mort du héros, par sa sobriété dans le tragique, suscite l’émotion.
Didier van Moere | Concertonet, May 19, 2014
Pour lui donner la réplique, Marie-Nicole Lemieux est une partenaire idéale. Les timbres des deux femmes se marient de façon parfaite, culminant dans un sublime duo d’amour au deuxième acte. Le rôle de Tancredi, surtout dans le finale tragique de Ferrare, donne lieu à très peu de déchaînements pyrotechniques, et la contralto est magnifique de sobriété et d’émotion contenue.
Catherine Scholler | ResMusica, May 22, 2014
Premier Tancredi pour Marie-Nicole Lemieux et nouveau succès : phrasé avec art et délicatesse par une voix de bronze chaleureuse et généreuse, ce héros déborde d’une humanité bouleversante.
Michel Parouty | Diapason, May 20, 2014
La Lemieux sfoggia una vocalità ricca, duttile e offre dei momenti pregevoli soprattutto nel canto misurato e nell’espressione lirica e patetica (la scena di sortita «Oh patria … Di tanti palpiti» strappa l’applauso fragoroso del pubblico). Si apprezza in lei, inoltre, la scelta di abbellire in maniera parca i recitativi e le arie.
Giovanni Andrea Sechi | L’Ape Musicale, May 27, 2014
« The absolute is reached by the couple of lovers: Marie-Nicole Lemieux and her rich timbre, the ductility of her features, her presence on stage reaches a climax in a beautiful death scene where time seems suspended. »
Le Monde
Musical director – Enrique Mazzola
Stage director – Jacques Osinski
with Marie-Nicole Lemieux (Tancredi), Patrizia Ciofi (Amenaide), Antonino Siragusa (Argirio), Christian Helmer (Orbazzano), Josè Maria Lo Monaco (Isaura), Sarah Tynan (Roggiero)
Violons du Roy, Québec & Montréal | March 2014
Marie-Nicole Lemieux, as Solomon, provided a performance of vocal and musical distinction, but what was revelatory was her dramatic range and level of characterization. From her opening accompanied recitative “Almighty Power”, Lemieux provided a dazzling vocal display of unequivocal beauty. Armed with a limpid legato, intuitive musicality, expertly shaped and shaded phrasing and an awe-inspiring palette of expressive colours, she was almost operatic in her ability to sustain a character throughout the oratorio’s duration. Most impressive was her wondrous Act I aria, “Haste ,to the cedar grove” in which she plumbed every possible emotional level.
Richard Turp | Bachtrack, March 23, 2014
La contralto Marie-Nicole Lemieux, l’interprète du rôle-titre, se révèle la clé de voûte de l’édifice, le centre de gravité de l’oeuvre. On dirait que la confiance, la ferveur et l’autorité qu’elle dégage se communiquent à ses partenaires de scène avant de rallier toute la salle.
Richard Boisvert | La Presse, March 22, 2014
Salle Gaveau (Paris) | February 2014
With Daniel Blumenthal (piano)
Le thème choisi de son récital Salle Gaveau est la passion de la cantatrice pour le chant et la musique, qui a poussée [Marie-Nicole Lemieux], il y a dix-sept ans, à mener une carrière lyrique, parcours fait de rencontres et d’émotions. Exercice difficile, car ce genre de thème transversal ne peut que mêler des éléments disparates. Et pourtant, l’exercice est plutôt réussi : ni ennui, ni regrets, la soirée est excellente. Robe couleur pavot à pois noirs, chevelure flamboyante, l’hôtesse – comme toujours rieuse – nous entraîne dans son univers en nous racontant de sa voix parlée haut perchée nombre d’anecdotes, avec son délicieux accent québécois malheureusement impossible à transcrire ici.
Le premier air, « Caro mio ben », premier qu’elle ait chanté en audition, évoque ses années d’études au conservatoire de Chicoutimi. C’est à la fois une mise en bouche et un exercice d’échauffement que connaissent tous les élèves de chant. Elle le distille avec soin et gourmandise ; mais déjà, on sent poindre, derrière la bonne élève appliquée, une vraie nature. « Il mio bel foco » qui suit a été son premier succès au conservatoire. Puis c’est son premier grand amour (musical), Franz Schubert, qu’elle interprète lors de sa première prestation en public : en raison d’une tempête de neige, il n’y avait que dix personnes dans la salle ! Les trois lieds choisis ce soir permettent à l’artiste de montrer diverses facettes de sa capacité à jouer une jeune femme mutine et sautillante puis à donner une dimension plus tragique, en passant même par la caricature en prenant un moment une attitude digne de sa compatriote Marie Dressler dont elle a hérité des dons comiques.
L’âme russe est un autre volet de ses passions : comme elle le souligne, elle habite sur le même parallèle que la Sibérie, les saisons sont les mêmes, et ce sont donc de part et d’autre les mêmes émotions que l’on vit et que l’on chante. De fait, son interprétation de Sergueï Rachmaninov est particulièrement convaincante, comme si la culture russe était tout à fait sienne. La première partie s’achève avec deux lied de Brahms. Surprise : à l’instar de Martha Argerich, Marie-Nicole Lemieux a fait venir des amis, et tout d’abord Antoine Tamestit qui va l’accompagner des riches sonorités de son alto, avec son excellent pianiste depuis plus de dix ans, Daniel Blumenthal. S’ensuit un moment de grande émotion ou les qualités de legato et de phrasé de la cantatrice s’unissent miraculeusement à celles des deux instrumentistes.
Continuant à détailler son parcours professionnel, Marie-Nicole entame la seconde partie avec le poignant « Erbarme dich » de la Passion selon Saint Matthieu, correspondant parfaitement à ses qualités vocales, et merveilleusement accompagnée au violon par Sarah Nemtanu. Moment d’émotion où la salle suspend son souffle, et vibre à l’unisson des musiciens. Brutal et salutaire contraste de Leipzig à l’Espagne, « car, souligne-t-elle, bien qu’il fasse froid, on a quand même le sang latin ! ». Quatre chansons populaires espagnoles de de Falla lui donnent l’occasion de se défouler, et de donner d’une voix dont elle avait jusque là soigneusement dosé le volume en regard de la taille de la salle Gaveau. Sans prendre des accents gutturaux, elle s’approprie fort bien ce répertoire particulier.
Nouveau contraste, Kurt Weill et son douloureux « Youkali », autre grand moment d’émotion. (…) Nouveau retournement, le calme joyeux de deux jeunes femmes espiègles s’amusant du piège qu’elles veulent tendre au comte Almaviva : la charmante « Canzonetta sull’aria » des Noces de Figaro nous transporte tout aussi brutalement à une autre époque, sans que l’on soit choqué le moins du monde. Gaëlle Arquez donne la réplique à Marie-Nicole Lemieux : que la cantatrice qui n’a pas un jour chanté dans d’autres tessitures lui jette la première pierre ! Notre diva s’en excuse : « Pardon pour l’écart de conduite ! ». Il lui sera beaucoup pardonné, car le résultat, la concernant, est tout à fait convaincant. Puis les deux amies retrouvent leur vraie tessiture pour la « Barcarole » des Contes d’Hoffman, montrant ainsi que, bien chanté, ce morceau de bravoure trop galvaudé garde un charme intact. L’air d’Isabella de L’Italienne à Alger, en fin de concert, était peut-être une gageure, dont on retiendra plus la variété des expressions que la légèreté des vocalises.
C’est dans de généreux bis que Marie-Nicole Lemieux va nous montrer une autre des multiples facettes de son talent : celle d’une merveilleuse diseuse, attentive au texte et à la prononciation, distillant chaque mot avec art et sens : « L’heure exquise », « Villanelle », « À Chloris », pourquoi en effet ne pas mêler Reynaldo Hahn et Berlioz, à l’image de tout ce récital atypique mais étonnant, raffiné et divers, reflet des interprétations et des goûts variés de la cantatrice.
Jean-Marc Humbert | Forum Opéra