Haendel : Solomon (rôle-titre)

 

Violons du Roy, Québec & Montréal | Mars 2014

 

Marie-Nicole Lemieux, as Solomon, provided a performance of vocal and musical distinction, but what was revelatory was her dramatic range and level of characterization. From her opening accompanied recitative “Almighty Power”, Lemieux provided a dazzling vocal display of unequivocal beauty. Armed with a limpid legato, intuitive musicality, expertly shaped and shaded phrasing and an awe-inspiring palette of expressive colours, she was almost operatic in her ability to sustain a character throughout the oratorio’s duration. Most impressive was her wondrous Act I aria, “Haste ,to the cedar grove” in which she plumbed every possible emotional level.

Richard Turp | Bachtrack, 23 mars 2014

La contralto Marie-Nicole Lemieux, l’interprète du rôle-titre, se révèle la clé de voûte de l’édifice, le centre de gravité de l’oeuvre. On dirait que la confiance, la ferveur et l’autorité qu’elle dégage se communiquent à ses partenaires de scène avant de rallier toute la salle.

Richard Boisvert | La Presse, 22 mars 2014

Récital – La Passion Lemieux

 

Salle Gaveau (Paris) | Février 2014

Avec Daniel Blumenthal (piano)

 

Le thème choisi de son récital Salle Gaveau est la passion de la cantatrice pour le chant et la musique, qui a poussée [Marie-Nicole Lemieux], il y a dix-sept ans, à mener une carrière lyrique, parcours fait de rencontres et d’émotions. Exercice difficile, car ce genre de thème transversal ne peut que mêler des éléments disparates. Et pourtant, l’exercice est plutôt réussi : ni ennui, ni regrets, la soirée est excellente. Robe couleur pavot à pois noirs, chevelure flamboyante, l’hôtesse – comme toujours rieuse – nous entraîne dans son univers en nous racontant de sa voix parlée haut perchée nombre d’anecdotes, avec son délicieux accent québécois malheureusement impossible à transcrire ici.
Le premier air, « Caro mio ben », premier qu’elle ait chanté en audition, évoque ses années d’études au conservatoire de Chicoutimi. C’est à la fois une mise en bouche et un exercice d’échauffement que connaissent tous les élèves de chant. Elle le distille avec soin et gourmandise ; mais déjà, on sent poindre, derrière la bonne élève appliquée, une vraie nature. « Il mio bel foco » qui suit a été son premier succès au conservatoire. Puis c’est son premier grand amour (musical), Franz Schubert, qu’elle interprète lors de sa première prestation en public : en raison d’une tempête de neige, il n’y avait que dix personnes dans la salle ! Les trois lieds choisis ce soir permettent à l’artiste de montrer diverses facettes de sa capacité à jouer une jeune femme mutine et sautillante puis à donner une dimension plus tragique, en passant même par la caricature en prenant un moment une attitude digne de sa compatriote Marie Dressler dont elle a hérité des dons comiques.
L’âme russe est un autre volet de ses passions : comme elle le souligne, elle habite sur le même parallèle que la Sibérie, les saisons sont les mêmes, et ce sont donc de part et d’autre les mêmes émotions que l’on vit et que l’on chante. De fait, son interprétation de Sergueï Rachmaninov est particulièrement convaincante, comme si la culture russe était tout à fait sienne. La première partie s’achève avec deux lied de Brahms. Surprise : à l’instar de Martha Argerich, Marie-Nicole Lemieux a fait venir des amis, et tout d’abord Antoine Tamestit qui va l’accompagner des riches sonorités de son alto, avec son excellent pianiste depuis plus de dix ans, Daniel Blumenthal. S’ensuit un moment de grande émotion ou les qualités de legato et de phrasé de la cantatrice s’unissent miraculeusement à celles des deux instrumentistes.
Continuant à détailler son parcours professionnel, Marie-Nicole entame la seconde partie avec le poignant « Erbarme dich » de la Passion selon Saint Matthieu, correspondant parfaitement à ses qualités vocales, et merveilleusement accompagnée au violon par Sarah Nemtanu. Moment d’émotion où la salle suspend son souffle, et vibre à l’unisson des musiciens. Brutal et salutaire contraste de Leipzig à l’Espagne, « car, souligne-t-elle, bien qu’il fasse froid, on a quand même le sang latin ! ». Quatre chansons populaires espagnoles de de Falla lui donnent l’occasion de se défouler, et de donner d’une voix dont elle avait jusque là soigneusement dosé le volume en regard de la taille de la salle Gaveau. Sans prendre des accents gutturaux, elle s’approprie fort bien ce répertoire particulier.
Nouveau contraste, Kurt Weill et son douloureux « Youkali », autre grand moment d’émotion. (…) Nouveau retournement, le calme joyeux de deux jeunes femmes espiègles s’amusant du piège qu’elles veulent tendre au comte Almaviva : la charmante « Canzonetta sull’aria » des Noces de Figaro nous transporte tout aussi brutalement à une autre époque, sans que l’on soit choqué le moins du monde. Gaëlle Arquez donne la réplique à Marie-Nicole Lemieux : que la cantatrice qui n’a pas un jour chanté dans d’autres tessitures lui jette la première pierre ! Notre diva s’en excuse : « Pardon pour l’écart de conduite ! ». Il lui sera beaucoup pardonné, car le résultat, la concernant, est tout à fait convaincant. Puis les deux amies retrouvent leur vraie tessiture pour la « Barcarole » des Contes d’Hoffman, montrant ainsi que, bien chanté, ce morceau de bravoure trop galvaudé garde un charme intact. L’air d’Isabella de L’Italienne à Alger, en fin de concert, était peut-être une gageure, dont on retiendra plus la variété des expressions que la légèreté des vocalises.
C’est dans de généreux bis que Marie-Nicole Lemieux va nous montrer une autre des multiples facettes de son talent : celle d’une merveilleuse diseuse, attentive au texte et à la prononciation, distillant chaque mot avec art et sens : « L’heure exquise », « Villanelle », « À Chloris », pourquoi en effet ne pas mêler Reynaldo Hahn et Berlioz, à l’image de tout ce récital atypique mais étonnant, raffiné et divers, reflet des interprétations et des goûts variés de la cantatrice.

Jean-Marc Humbert | Forum Opéra

Forum Opéra – Entretien avec Marie-Nicole Lemieux

 

Lauréate du concours Reine Elisabeth de Belgique en 2000, révélée dans Orlando furioso de Vivaldi, d’abord en concert, puis au disque et enfin à la scène, la contralto Marie-Nicole Lemieux est une des fortes personnalités du monde lyrique. Alors que vient de paraître le disque-florilège La Passion Lemieux (voir brève) et avant son récital parisien ce lundi 10 février, elle nous livre quelques réflexions sur ses projets présents et à venir.

 

Vous ne faites décidément rien comme tout le monde : vous avez attendu que l’année Verdi soit terminée pour ajouter à votre répertoire un grand rôle verdien, Azucena au prochain Festival de Salzbourg.

En fait, cela s’est décidé au cours de l’année Verdi. En janvier 2013, j’étais à La Scala pour chanter Quickly, et c’est alors que j’ai reçu cette offre. Alors que dans le monde de l’opéra, les contrats sont en général signés très longtemps à l’avance (je sais déjà que je chanterai en 2017 à l’opéra de Zurich, par exemple), les choses fonctionnent un peu différemment pour Salzbourg, ils s’y prennent au maximum deux ans avant. Quand on m’a proposé Le Trouvère, j’ai été rassurée de savoir que Daniele Gatti dirigerait, mais j’ai quand même voulu savoir quels seraient les autres membres du quatuor, parce que je ne voulais pas me retrouver avec des « gueuleux ». Et là, j’ai vu que j’aurais pour partenaires Anna Netrebko et Placido Domingo… De tous les rôles de contralto verdien que je pourrais interpréter, Azucena est sans doute la plus bel-cantiste, avec une partition qui explore aussi bien les aigus que les graves. Jusqu’ici, j’ai beaucoup chanté Quickly, j’ai aussi fait la partie de mezzo dans le Requiem, mais il y a beaucoup de rôles dont je rêve chez Verdi. On m’a proposé Ulrica, mais j’ai différé : comme Quickly, c’est un vrai contralto, mais très large. Avec un air comme « Rè dell’abisso », le danger est de trop ouvrir. Ce serait possible dans un petit théâtre. Amnéris, ce n’est pas pour tout de suite : le rôle est très long, il y a moins d’aigus que dans Azucena, mais c’est très héroïque, il faut soutenir jusqu’au bout. Quant à Eboli, c’est mon rêve. J’espère pouvoir le faire bientôt, c’est beaucoup plus court. Dans « O don fatale », le problème n’est pas le do bémol aigu, le problème c’est de soutenir jusqu’à la fin de l’air ! Enfin, si Azucena se passe bien, on verra.

 

Votre actualité immédiate, c’est Rossini, avec votre prise de rôle en Tancrède, en mai au Théâtre des Champs-Elysées, salle qui n’a pas toujours eu la main heureuse pour ses reprises de grandes œuvres du début du XIXe siècle, comme La Favorite ou La Vestale.

En fait, Rossini me semble être une bonne préparation pour faire Verdi. Rossini, c’est un baume, un médicament pour la voix. Quand j’ai chanté L’Italienne à Alger, si vous saviez les choses qui se sont débloquées dans ma voix ! Après, j’ai enchaîné avec Falstaff à Covent Garden, et il y avait tellement de choses qui s’ouvrait. Faire du beau avec la voix, ça fait du bien ; ce qui est dangereux, c’est l’exubérance, les couleurs trop osées, mais c’est dans ma personnalité ! Dans Tancrède, il va falloir que je garde une certaine noblesse, mais le chant devra rester libre. L’important, c’est de savoir doser les émotions. Quant au spectacle, je ne peux encore rien vous dire. En tout cas, je me donnerai au maximum pour que ce soit une réussite. Le contrat est signé, donc ça ne servirait à rien de contester les intentions du metteur en scène. Je dois adhérer, sinon ça ne donne rien. Après, avec le recul, je pourrai juger, mais sur le moment, je veux uniquement avoir une attitude constructive. J’y mettrai tout mon cœur. Je sais que je retrouverai Patrizia Ciofi, que j’aime beaucoup. J’ai été son Alisa dans Lucia di Lammermoor à Orange, et j’ai enregistré avec elle le disque Lamenti sous la direction d’Emmanuelle Haïm. Je la crois toujours sur le fil du rasoir, mais derrière sa fragilité apparente, Patrizia a une énorme force sous-jacente. C’est une battante, une vraie musicienne, une personne adorable avec qui j’ai très envie de faire de la musique.

 

Vous évoquez le risque qu’il y a à laisser parler votre exubérance naturelle. Comment faites-vous pour un rôle comme Geneviève, dans Pelléas et Mélisande ?

J’ai momentanément renoncé à Geneviève : la musique de Debussy est sublime, mais chanter cinq minutes seulement, ça me tue, c’est trop frustrant. Surtout quand on vous demande d’être présente pendant cinq semaines de répétition. Cela dit, la retenue est parfois une chose très positive. Cet été, j’ai fait Suzuki à Barcelone avec Patricia Racette, qui est une grande Butterfly. Nous travaillons toutes deux avec la même intensité. Pour la reprise de leur mise en scène, qui a dix-sept ans mais n’a pas pris une ride, Patrice Caurier et Moshe Leiser me demandaient de rester constamment tête baissée ; tout devait passer dans le regard, dans les épaules. Plus le jeu est sobre, plus il est essentiel d’avoir une présence forte. En même temps, c’est intéressant de ne pas être soi-même sur scène, d’explorer des rôles très différents de votre nature. J’aime les rôles de méchante : dans le magnifique Triptyque de Puccini monté par Damiano Michieletto au Theater An Der Wien en octobre 2012, j’étais la Zita et la Zia Principessa : j’étais horrible, et c’était drôle. A la fin de Suor Angelica, je sortais en larmes tous les soirs. Pour Geneviève, j’y reviendrai quand je serai plus âgée. C’est comme la Première Prieure dans Dialogues des carmélites : ce sera mon capital-retraite, pour le moment je suis encore jeune pour mourir pendant vingt minutes, j’ai tout mon temps. .

 

Vous avez chanté et enregistré avec votre compatriote Karina Gauvin, mais contrairement à elle, votre répertoire ne se borne pas à la musique baroque, qui vous a révélée.
Le monde des sopranos est très cruel, il y règne une concurrence féroce, et les metteurs en scène sont sans pitié avec elles. De nos jours, on exige des gens qui ont une silhouette de mannequin et souvent, en scène, on se retrouve avec des chanteuses qui ont le corps, mais pas la voix du personnage. Karina se sent un peu confinée dans un répertoire, alors qu’elle serait une mozartienne incroyable. C’est une comtesse formidable, merveilleuse. Je l’ai entendue être une Suzanne sublime, une vraie soubrette de Watteau. Elle pourrait aussi chanter Rossini, elle a l’agilité, la souplesse, la rondeur vocale nécessaires. Je suis bien contente de ne pas être soprano, car pour une contralto, le problème ne se pose pas de la même façon. Et puis je suis grande, j’ai une personnalité différente. Malgré tout, il y a des rôles qu’on ne me propose pas à cause de mon physique. Valérie Chevalier a été la première à me confier un rôle d’homme. Et c’est grâce à Michel Franck que j’ai pu être l’Orlando de Vivaldi en version scénique : dans un autre théâtre, on pensait que je serais incapable de tenir ce rôle sur scène. Il y a vraiment des gens qui manquent d’imagination ! Heureusement Pierre Audi m’a fait confiance, il m’a donné la possibilité d’interpréter un rôle écrasant et de réaliser une vraie performance. Beaucoup de gens ne m’ont pas reconnue : à l’entracte, des spectateurs venaient demander si j’étais malade, ils m’avaient prise pour un homme, pour un contre-ténor !

 

Qu’en est-il du répertoire français, celui que vous interprétez sur le disque Ne me refuse pas ?
Ça va venir, mais je n’ai pas vraiment le droit d’en parler pour le moment. Enfin, il y a un rôle qui me tient énormément à cœur, et que je me réjouis de pouvoir interpréter, deux fois, dans un avenir proche : Dalila, un personnage fascinant. Elle joue un double-jeu avec Samson, même si je pense qu’elle l’aime quand même. En tout cas, elle aime le voir souffrir ! Elle est complexe, comme toute femme, mais ses airs sont de véritables bonbons : la ligne musicale de « Printemps qui commence » est d’une telle sensualité… J’aimerais aussi beaucoup chanter La Favorite sur scène, j’aimerais faire Mignon, et surtout Werther. Charlotte est un rôle magnifique, c’est une femme qui a dû devenir une mère pour ses frères et sœurs, et qui est soumise à un dilemme terrible. Quant à savoir s’il faut une soprano ou une mezzo pour l’interpréter, peu importe au fond : ce qui compte, c’est que l’on comprenne le texte et que l’on soit touché. Massenet écrit toutes les nuances, donc quand on fait ce qu’il demande et qu’on y met du cœur, c’est le principal. Encore faut-il savoir articuler. Les Carmen qui ne savent pas prononcer leur texte, ça me met hors de moi. On m’avait proposé Carmen, mais le projet a été abandonné pour des raisons budgétaires. Je dois dire que ce n’est pas une priorité pour moi : cette œuvre est tellement connue qu’il faudrait vraiment que je trouve le metteur en scène idéal, qui apporte du nouveau. Si je fais Carmen, je ne voudrais pas être un cliché sur pattes. Il faudrait trouver le ton juste, et si on me propose une approche qui me convainc, je me donnerai à fond.

 

Au Canada, vous avez même participé à la création d’une œuvre écrite spécialement pour vous, Lettres de Madame Roy à sa fille Gabrielle.
C’est une œuvre très touchante, que je considère comme un cadeau de la vie. Gabrielle Roy est un de nos plus grands écrivains canadiens de langue française, c’est mon auteur préféré, il faut lire Bonheur d’occasion (Prix Femina 1945) ou son autobiographie posthume, La Détresse et l’enchantement. Michel Tremblay a imaginé une série de lettres écrite à Gabrielle Roy par sa mère, et je ne connais personne d’autre qui aurait aussi bien su décrire la relation maternelle. Il a su trouver des mots que ma mère pourrait m’adresser, à tel point que c’en est déroutant. André Gagnon a mis ces textes en musique de façon très mélodique, ce pourrait être des chansons hollywoodiennes des années 1920. C’est très beau, très bien écrit pour la voix. Et quand je chante ce cycle, je suis une mère qui parle à sa fille, mais j’ai l’impression d’être la fille qui lit les lettres. Il y a une mélodie qui parle admirablement de l’hiver, j’en ai la gorge nouée, et à la dernière, il m’est arrivé de pleurer en scène comme un bébé, tout le public braillait. Nous avons eu au Québec le prix du spectacle de l’année, et l’enregistrement est sorti chez Audiogram.

 

A propos de disque, vous êtes en France pour un nouvel enregistrement ?
Là non plus, je ne peux pas en dire trop ! Enfin, il s’agira d’un récital de mélodies, avec Roger Vignoles au piano et par un quatuor à cordes. Je n’aime pas la salade mélangée, je voulais trouver un thème. Beaucoup de compositeurs me tentaient, et je me suis finalement focalisée sur la fin-de-siècle, pour un portrait de la musique européenne entre 1890 et 1900. Il y aura des mélodies russes, allemandes, belges et françaises. L’enregistrement aura lieu fin février et le disque sortira dans un an, en même temps qu’une grande tournée européenne, où je reprendrai le programme du disque, plus du Brahms ou les airs enregistrés sur mon disque Heure exquise. A Vienne, par exemple, ils me veulent dans la mélodie française.

On a souvent l’impression que les artistes québécois chantent mieux le français que leurs homologues natifs de l’hexagone, qu’en pensez-vous ?
Je suis d’accord, et cela vient simplement de ce que nous, nous ouvrons la bouche. Chez vous, en France, les grandes et belles voix viennent souvent du sud, ce sont des gens qui ont déjà un accent un peu chantant (je pense à Ludovic Tézier, à Stéphane Degout) ; dans la moitié nord du pays, vous gardez la bouche très fermée, avec des voyelles extrêmement serrées, le i notamment. Vous avez des voyelles très claires quand vous parlez, mais en chant il n’y a rien de fixe, de clair. Quand une forme est trop précise, le son est écrasé. Pour chanter, il faut maintenir un équilibre entre le clair et l’obscur. Quand nous chantons, il y a comme une gaine qui se forme ; nous pouvons chanter sans notre accent québécois, mais avec la bouche ouverte. Il ne faut avoir les mêmes oreilles quand on parle et quand on chante. Il y a des gens qui veulent qu’on grasseye le R en chantant, je n’aime pas trop ça. J’aimerais beaucoup avoir le R de Suzanne Danco, une immense chanteuse, qui avait de sublimes couleurs de voyelles. C’est ça que je cherche à imiter. En fait, c’est une question d’imagination sonore !

 

Propos recueillis par Laurent Bury le 29 janvier 2014

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La Passion Lemieux

Un portrait de la contralto québécoise, entourée de ses complices de toujours, Philippe Jaroussky, Jean-Christophe Spinosi, Karina Gauvin…

 

Marie-Nicole Lemieux, contralto

avec
Karina Gauvin, soprano
Philippe Jaroussky, contre-ténor
François Lis, basse
Ensemble Matheus – Jean-Christophe Spinosi, chef d’orchestre
Il Complesso Barocco – Alan Curtis, chef d’orchestre
Les violons du Roy – Bernard Labadie, chef d’orchestre
Orchestre National de France – Fabien Gabel, chef d’orchestre

 

1. Haendel – Empio, diro, tu sei | Giulio Cesare
2. Gluck – Che faro senza euridice | Orfeo ed Euridice
3. Saint-Saëns – Mon coeur s’ouvre à ta voix | Samson et Dalila
4. Vivaldi – Dimmi pastore | La fida ninfa
5. Mozart – Voi, che sapete che cosa è amor | Le nozze di Figaro
6. Vivaldi – Aure lievi che spirate | La fida ninfa
7. Gluck – Jupiter, lance la foudre | Iphigénie en Aulide
8. Offenbach – Examinez bien ma figure | La fille du tambour-major
9. Vivaldi – Nel profondo | Orlando furioso
10. Mozart – Venga pur, minacci e frema | Mitridate, rè di Ponto
11. Berlioz – Je vais mourir | Les Troyens
12. Haendel – Al lampo dell’armi | Giulio Cesare
13. Mozart – Deh, per questo istante solo | La clemenza di Tito
14. – 15 Vivaldi – Infelice griselda… ho il cor già lacero | Griselda
16. Massenet – Ne me refuse pas | Hérodiade
17. Haendel – Caro! – bella! | Giulio Cesare

 

Paru le 27 janvier 2014 chez Naïve
EAN 822186053409 – REF V5340

Falstaff | Opéra de Montréal, 2013

 

« Quant à Marie-Nicole Lemieux, elle campe une Mrs. Quickly qui a du caractère, efficace, drôle mais c’est surtout la qualité de son chant qui est à retenir. Son timbre riche de contralto fait des merveilles. Une voix unique, reconnaissable parmi toutes. De plus, elle a le diable au corps et c’est elle qui mène le jeu. »

ResMusica

 

Direction musicale – Daniele Callegari
Mise en scène – David Gately

avec Oleg Bryjak (Sir John Falstaff), Jean-Michel Richer (Bardolfo), Ernesto Morillo (Pistola), Gianna Corbisiero (Alice Ford), Lauren Segal (Meg Page), Marie-Nicole Lemieux (Mistress Quickly), Gregory Dahl (Ford), Aline Kutan (Nannetta), Antonio Figueroa (Fenton), James McLennan (Le Docteur Cajus)

Lettres de Madame Roy à sa fille Gabrielle

Marie-Nicole Lemieux, contralto

Jacques Lacombe, chef d’orchestre
Orchestre Symphonique de Trois-Rivières

André Gagnon, composition
Michel Tremblay, textes
Inspiré de l’oeuvre de Gabrielle Roy

 

1. Où es-tu Gabrielle?
2. Miroir déformant
3. Courte semaine
4. Les grands blés
5. Souviens-toi
6. Surtout

 

Paru le 10 septembre 2013 chez Audiogram

Rossini : Petite Messe Solennelle

 

Théâtre des Champs-Elysées (Paris) | Mai 2013

 

L’Agnus Dei, cet adieu vibrant de Rossini à la voix de contralto, aurait fendu des pierres.

Christophe Rizoud | Forum Opéra, 6 mai 2013

 

Parecía imposible mantener el nivel de atención del público y de entrega y magisterio técnico y estilístico de Antonacci en su O salutaris hostia (núm. 6 y penúltimo), pero Lemieux lo consiguió en el final absoluto, ese Agnus Dei que Rossini reservó a uno de sus registros más amados y que, tal vez, haya sido su despedida de la voz humana: qué regalo espléndido a la humanidad y qué ejecución radiante. ¿Sería posible, digo yo, que alguien pensara en reunirlas para una Ermione?

Jorge Binaghi | Mundo Clásico, 6 mai 2013

 

Fort heureusement, nous fûmes sauvés de ce destin funeste par la compassion et l’amour de Marie-Nicole Lemieux, à qui revenait de conclure l’œuvre avec le chœur dans l’Agnus Dei. Restée sobre jusqu’alors, elle est soudainement toute en imploration pour que le pêché soit enlevé du monde, et elle réalise avec une charge émotionnelle sidérante la synthèse du religieux et du lyrique, portée par un orchestre et un chœur en état de grâce. Une performance d’autant plus remarquable qu’il s’agissait pour la contralto de sa première interprétation de cette œuvre en concert.

Jean-Christophe Le Toquin | ResMusica, 8 mai 2013

Chausson : Le Poème de l’Amour et de la Mer

 

Orchestra dell’Accademia Santa Cecilia, Victoria Hall (Genève) | Avril 2013

 

Pour rendre justice à cette pièce, il faut une chanteuse d’exception capable d’en parcourir une tessiture assez large. La Canadienne Marie-Nicole Lemieux se révèle d’une rare éloquence et son registre grave est de toute beauté. L’orchestre accompagne la chanteuse avec soin et le pupitre des violoncelles que Chausson met souvent en relief, est particulièrement inspiré.

Antoine Leboyer | ConcertoNet

La Matinale de France Musique | Mars 2013

 

Journaliste : Christophe Bourseiller

 

Marie-Nicole Lemieux débute la journée spéciale que lui consacre France Musique en répondant à l’invitation de La Matinale où elle vient présenter son dernier disque, « Opéra Arias : Gluck, Haydn, Mozart », édité chez Naïve.

 

Récital – Convergences, Amphithéâtre Bastille

 

Convergences, Amphithéâtre Bastille (Paris) | Mars 2013

Avec Daniel Blumenthal (piano) et le Quatuor Psophos

 

Entre deux représentations de Falstaff, Marie-Nicole Lemieux a offert, dans le cadre de la série « Convergences » présentée à l’Amphithéâre Bastille, un récital de mélodies à la fois ambitieux et passionnant, avec un programme s’éloignant résolument des sentiers battus. (…) Marie-Nicole Lemieux se révèle à son zénith : voix large et posée, autorité, beauté de la ligne. (…) La complicité est évidente avec le pianiste Daniel Blumenthal, en accord parfait avce la chanteuse. En bis, celle-ci propose l’Heure Exquise de Reynaldo Hahn, superbement maitrisée dans un sourire permanent, et une Invitation au voyage d’Henri Duparc, aussi fascinante que singulière. Une soirée qui a justement soulevé l’enthousiasme d’un Amphithéâtre complet.

José Pons | Opéra Magazine

 

Comme on l’avait dit d’Edith Piaf, Marie-Nicole Lemieux nous ferait pleurer en chantant l’annuaire téléphonique. Avec un timbre pareil, cette générosité, cet investissement, cette manière de chanter avec une énergie émanant de tout le corps, cette grande intelligence des mots, elle est capable de nous bouleverser dans tous les répertoires.
Et celui qu’elle avait choisi – à dessein ? – pour ce concert accompagné par Daniel Blumenthal et pour certaines pièces par l’excellent Quatuor Psophos, a pleinement bénéficié de toutes ces exceptionnelles qualités. Il s’agissait en effet d’un ensemble d’œuvres marquées par toute la nostalgie cafardeuse du postromantisme du XIXe siècle basculant vers le XXe.
Alma Mahler, Lekeu, Chausson, Elgar, c’était une alternance de pages fortes et d’autres bien plus improbables, qui aurait engendré une certaine monotonie grise sans justement les incroyables couleurs de la voix de cette artiste complète, capable aussi bien d’émouvoir que de s’acquérir d’emblée la sympathie du public avec malice en annonçant, preuve à l’appui, qu’elle chante pieds nus car elle a oublié ses chaussures.
Les six mélodies d’Alma Mahler débutant le programme s’imposent sans difficulté par leur belle écriture très sûre, exprimant avec une sensibilité fine les subtils frémissements d’un monde ombreux, où la nature est omniprésente, souvent angoissante, riche de rêves, d’interrogations, à la fois obsédante et insaisissable, dans une nostalgie sous-jacente, entrecoupée de grands élans lyriques.
Nature toujours, compagne des amours malheureuses, refuge mortifère ultime de l’amante abandonnée dans la Chanson perpétuelle, poème de Charles Cros mis en musique par Chausson. Qu’il s’agisse du texte ou de la musique, nous sommes malheureusement loin de la concision autrement dramatique de la Marguerite au rouet de Schubert. Mais quelles belles couleurs a quand même le chagrin d’amour avec la voix de Marie-Nicole Lemieux ! Même les musiques de Lekeu et d’Elgar, finalement assez impersonnelles et uniformes malgré leurs occasionnels généreux élans, parviennent à s’animer tant la cantatrice y met de cœur, de conviction, de force expressive, avec un constant rayonnement vocal.
(…) L’idée de programmer certaines mélodies pour voix et quatuor à cordes était bonne, car la nature même de la voix de Marie-Nicole Lemieux est idéale pour dialoguer avec les instruments à cordes. Le Quatuor Psophos se montre un partenaire parfait, très musical et sensible.

Gérard Mannoni | Altamusica, 7 mars 2013

 

Dans l’excellente série Convergences dont Christophe Ghristi est le maître d’œuvre à l’Opéra National de Paris, l’Amphithéâtre Bastille accueillait Marie-Nicole Lemieux (qui aura été une irrésistible Mrs Quickly lors de la reprise du Falstaff de Verdi) pour un copieux récital de mélodies en compagnie du pianiste Daniel Blumenthal et du Quatuor Psophos.
On est frappé d’emblée par la facilité avec laquelle l’artiste passe de l’extraversion la plus extrême (…) à une concentration maximale dès qu’elle aborde la musique. Dans les six lieder d’Alma Mahler aux chromatismes prégnants et savamment agencés, elle sait créer un climat incertain entre chien et loup particulièrement suggestif. Sa tenue vocale, ses qualités de style et d’intonation et surtout une diction irréprochable, rendent à La Chanson perpétuelle de Chausson une intensité, un expressionnisme bien servis par le Quatuor Psophos.
Avec le cycle des Sea Pictures d’Elgar, Marie-Nicole Lemieux met sa vie en jeu par une puissance d’évocation, une densité poétique et un sens dramatique d’une urgence saisissante (The Swimmer), tandis que trois des Poèmes de Lekeu traduisent sous sa voix veloutée et sombre tous les états de la mélancolie (Nocturne). En bis, L’Invitation au voyage de Duparc est emportée par un souffle d’une musicalité aussi juste qu’expressive.

Michel Le Naour | Concertclassic, 7 mars 2013