Brahms – Lieder

Johannes Brahms (1833-1897) cultiva toute sa vie le lied comme un jardin privé, en marge de ses grandes œuvres symphoniques, ses concertos, sa musique de chambre et ses nombreuses oeuvres pour piano. Plusieurs mois, voire des années, pouvaient parfois séparer la composition d’une chanson de sa publication, période pendant laquelle Brahms la retouchait tout en méditant ses mérites. Et, lorsqu’il décidait d’en publier quelques-unes, il supervisait soigneusement l’ordre du recueil comme la disposition des fleurs dans un bouquet. Il appelait d’ailleurs ses recueils des “bouquets de chants”.
Le premier parut en 1853 ; Brahms avait tout juste 20 ans. Le dernier fut édité en 1896, quelque mois avant sa mort. Pendant ces 43 ans, 33 recueils furent ainsi offerts au public, comptant en tout quelque 190 lieder. Mais cela ne représente sans doute qu’une partie de tout ce que Brahms a pu composer dans le genre, plusieurs chansons ayant probablement été rejetées et détruites.
On a souvent critiqué chez Brahms le choix des textes, car il a plus souvent mis en musique des poètes mineurs à la mode plutôt que les grands classiques comme Goethe, Heine ou Rückert. Mais cette tendance ne peut s’expliquer par un manque de culture ou de goût littéraires. Les poèmes des grands maîtres lui semblaient si parfaits en eux-mêmes que la musique, selon lui, ne pouvait que peu leur apporter. Par contre, chez les poètes qui retinrent son attention, Brahms trouva une matière que la musique pouvait transcender.
Et surtout, ce grand solitaire aux amours inaccessibles, qui cherchait consolation auprès de la nature, y reconnut des thèmes le rejoignant personnellement. Comme en société, il savait aussi dans ses chansons se faire léger et joyeux, exploitant avec bonhomie la veine populaire. Mais la plupart de ses lieder ressassent cependant les sentiments qui le travaillaient intérieurement : la nostalgie de l’amour non partagé, la solitude de la condition humaine, l’inexorable finitude de la vie, mais aussi l’apaisement que peut procurer la nature.

 

Marie-Nicole Lemieux, contralto
Nicolò Eugelmi, viola
Michael McMahon, piano

 

1-6. Sechs Lieder / Six Chants, Op.86, | Therese (Thérèse) | Feldeinsamkeit (Solitude champêtre) | Nachtwandler (Somnambule) | Über die Heide (Sur la lande) | Versunken (Englouti) | Todessehnen (Aspiration à la mort)
7-15. Neun Gesänge / Neuf Chants, Op.69, Klage I (Plainte I) | Klage II (Plainte II) | Abschied (Adieu) | Des Liebsten Schwur (Le Serment du bien-aimé) | Tambourliedchen (Chansonnette du joueur de tambour) | Vom Strande (Depuis le rivage) | Über die See (Sur la mer) | Salome (Salomé) | Mädchenfluch (Malédiction de jeune fille)
16-17. Zwei Gesänge / Deux Chants, Op.91, Gestillte Sehnsucht (Nostalgie apaisée) | Geistliches Wiegenlied (Berceuse sacrée)
18-21. Vier ernste Gesänge / Quatre Chants sérieux, Op.121, Denn es gehet dem Menschen… (Car le sort des fils de l’homme…) | Ich wandte mich… (J’ai considéré ensuite…) | O Tod, wie bitter bist du… (Ô mort, combien amer…) | Wenn ich mit Menschen und Engelszungen redete… (Quand je parlerais les langues des hommes…)

 

Released on October 19, 2004 by Analekta
AN 2 9906

Vivaldi – Orlando furioso

Antonio Vivaldi
Orlando furioso

Victoire de la Musique 2005
BBC Axard 2007 « Best Opera of the year »
Diapason d’or
Choc du Monde de la musique

Après Orlando “feignant la folie” (finto pazzo) dans le dernier opéra de l’Édition Vivaldi paru, voici que le paladin devient réellement “fou furieux” sous l’emprise du désespoir amoureux ! Dans cette adaptation de l’épisode le plus célèbre du poème de l’Arioste, créée à Venise à l’automne de 1727, le compositeur dépeint des personnages stupéfiants de vie et de relief dans une action au rythme haletant. Dans cette galerie de portraits inoubliables figurent, non seulement Orlando lui-même – ici incarné non plus par un baryton mais par une contralto, à qui Vivaldi confie une série d’airs d’une virtuosité confondante – mais également la figure tragique de la magicienne Alcina, ainsi que la voluptueuse Angelica, le valeureux Ruggiero, la fière amazone Bradamante. Pour rendre pleinement justice à cette distribution vocale minutieusement élaborée, il fallait donc réunir sept chanteurs exceptionnels présentant non seulement de grandes capacités techniques et expressives, mais également une subtile variété de timbre et de couleur. Le défi a été relevé avec maestria : voici dans le rôle-titre la jeune alto québécoise Marie-Nicole Lemieux, déjà acclamée pour sa voix somptueuse et son engagement dramatique, entourée de spécialistes baroques confirmés comme Jennifer Larmore, Veronica Cangemi et l’époustouflant Philippe Jaroussky, Victoire de la Musique 2004 dans la catégorie Révélations lyriques. L’oeuvre phare du Prete Rosso est dirigée par celui qui révolutionne la scène baroque, Jean-Christophe Spinosi et qui, à la tête de l’Ensemble Matheus, mûrit depuis plusieurs années sur scène cette partition de Vivaldi, scrupuleusement restituée dans sa version originale, enregistrée ici pour la première fois dans son intégralité.

Musical director : Jean-Christophe Spinosi

Orlando : Marie-Nicole Lemieux
Alcina : Jennifer Larmore
Angelica : Veronica Cangemi
Ruggiero : Philippe Jaroussky
Astolfo : Lorenzo Regazzo
Bradamante : Ann Hallenberg
Medoro : Blandine Staskiewicz
Choeur « Les éléments »
Ensemble Matheus

Released on October 14, 2004 by Naïve
RV 728