Tonhalle (Zürich) | July 2011
Of the soloists, the most impressive was Marie-Nicole Lemieux who gave a flawless reading of the mezzo/alto part with a big (…) voice in all registers.
John Rhodes | ConcertoNet
Tonhalle (Zürich) | July 2011
Of the soloists, the most impressive was Marie-Nicole Lemieux who gave a flawless reading of the mezzo/alto part with a big (…) voice in all registers.
John Rhodes | ConcertoNet
Opéra National de Lorraine (Nancy) | June 2011
Dans le rôle titre, Marie-Nicole Lemieux dans une forme olympique (…) « est » Orlando et réalise une authentique performance tant physique que vocale. Rarement a-t-on vu une chanteuse s’identifier à ce point avec un rôle, s’y couler comme dans une seconde peau, souffrant à en devenir folle avec une telle crédibilité. Toutes les ressources de la voix – et elles sont conséquentes – sont mises à contribution à des fins dramatiques et Marie-Nicole Lemieux n’hésite pas alors à enlaidir l’émission, à grossir le grave, à recourir au parlando. Clairement, la mezzo-soprano tient là un des rôles, sinon le rôle, de sa vie.
Michel Thomé | ResMusica, June 25, 2011
Théâtre des Champs-Elysées (Paris) | March 2011
Marie-Nicole Lemieux est étonnante, stupéfiante même. Magistralement contrôlé, le chant affronte toutes les difficultés, virtuosité, legato, dynamique, avec une justesse expressive qui va bien au-delà de la simple démonstration. Les souffrances de ce « furioso » attendriraient les pierres ; la scène finale, proche de l’hallucination, est l’un des moments les plus forts de la saison lyrique en cours.
Michel Parouty | Opéra Magazine
Voile de soie au charme direct et opulent, la contralto québécoise fascine autant par sa voix au timbre si indéfinissable que par sa générosité un peu gouailleuse. […] Fraîche, énergique, captivante, elle libère sur scène un tempérament et une volupté communicative qui vous mettront sans résistance dans sa poche
Olivier Olgan | Le Figaro, March 21, 2011
Marie-Nicole Lemieux a voulu assurer la première – ou quand l’héroïsme de l’interprète se confond avec celui du rôle ! Sa performance n’en est que plus incroyable, convoquant, au-delà même du livret, la prodigieuse figure inventée par l’Arioste : la bête humaine qui sommeille en Roland se devine dès ses premières envolées (« Nel profondo », « Sorge l’irato nembo »), avant-goût de l’explosion délirante qui transforme la fin du deuxième acte et le troisième en pur moment de théâtre. Vivaldi et son librettiste Braccioli consacrent un traitement exceptionnel à la folie d’Orlando, elle se développe sur plusieurs scènes pour atteindre à une démesure à peine entrevue chez Porpora ou, plus tard, chez Haendel. (…) sa composition embrasse les mille et un visages du paladin et dévoile une énergie, une aisance scénique peu communes chez les artistes lyriques.
Bernard Schreuders | Forum Opéra, March 12, 2011
Georg Friedrich Haendel (1685-1759)
Ariodante
Musical director – Alan Curtis
Ariodante – Joyce DiDonato
Ginevra – Karina Gauvin
Alinda – Sabina Puertolas
Polinesso – Marie-Nicole Lemieux
Lurcanio – Topi Lehtipuu
Il Re di Scozia – Matthew Brooks
Odoardo – Anicio Zorzi Giustiniani
Il Complesso Barocco
Released on May 11, 2011 by Parlophone
Marie-Nicole Lemieux est une personnalité débordante de vie, d’enthousiasme, d’énergie et de projets. La rencontrer est un plaisir, car elle communique sa joie d’être là aujourd’hui, en ayant pu réaliser son rêve de toujours, celui d’être cantatrice. Après avoir débuté à Paris dans le rôle-titre d’Orlando furioso de Vivaldi, en concert au Théâtre des Champs-Elysées en 2003, elle revient dans cette salle pour l’interpréter cette fois en version scénique, sous le regard de Pierre Audi, du 12 au 22 mars. L’occasion pour nous de faire le point et de lui poser quelques questions brûlantes.
Vous ne le savez peut être pas mais il y a trente ans, Orlando furioso était donné pour la première fois à Paris au Théâtre du Châtelet avec dans le rôle-titre Marilyn Horne, héroïne de la production signée Pier Luigi Pizzi. Que vous inspire cette coïncidence ?
Marie-Nicole Lemieux : Ce passé est égoïstement lié à ma propre expérience, puisque j’ai découvert cette célèbre production, dont il existe un DVD capté quelques années plus tard à San Francisco, lorsque j’ai reçu l’offre de participer au concert dirigé par Jean-Christophe Spinosi, alors jeune chef, en 2002 ; je devais tenir le rôle de Bradamante. J’ai donc visionné cet Orlando furioso avec Marilyn Horne, en compagnie de Philippe Jaroussky d’ailleurs, avec lequel j’ai beaucoup ri devant les passages volontairement naïfs de ce spectacle, qui ne craignait pas de représenter l’atmosphère magique propre au baroque.
Cette renaissance vivaldienne a débuté en fait quelques années auparavant avec la publication de cet opéra chez Erato avec Horne et Claudio Scimone. Quel regard portez-vous sur ces pionniers qui ont suscité bien des vocations, comme celle de Jean-Christophe Spinosi justement ?
M.N. L. : Pour moi qui ne connaissais Marilyn Horne qu’à travers le répertoire romantique, la Rhapsodie pour contralto de Brahms surtout et l’enregistrement de Carmen avec Bernstein, l’écouter aborder Orlando furioso m’a laissé interloquée : son incroyable technique, son engagement, sa bravoure m’ont saisie et j’ai dû très rapidement m’en détacher de peur de me laisser accaparer. Il est impératif de prendre connaissance de ce qui a été fait avant soi, mais nous devons essayer d’imposer notre marque en tant qu’interprète avec nos qualités et nos défauts. Je ne suis pas Marilyn Horne et il serait stupide de vouloir l’imiter. Sa façon de chanter Rossini m’impressionne, mais ce n’est pas pour cela que je chercherais à reproduire son art si je devais interpréter ce compositeur. Nous ne devons jamais oublier de dire ce que nous sommes au fond de nous.
De nos jours, par manque de culture, la jeune génération oublie le message des aînés. Pour ma part, j’ai toujours été fasciné par le passé et aimé plus que tout le chant. Un jeune artiste doit consommer de la musique, passer des heures à écouter pour apprendre, avoir des repères. Lorsque j’ai découvert au hasard de mes écoutes des voix comme la mienne, cela m’a été très utile, car j’ai pu comprendre les erreurs commises par d’autres avant moi. Nous devons prendre les leçons du passé, admirer et être curieux, sans pour autant devenir prisonnier de ce que l’on a entendu, pour ne pas apparaître comme une pâle copie. J’admire Maureen Forrester, mais je me refuse de reproduire son art. Il faut apprendre le métier et trouver sa place. Être inspiré mais partir de soi, c’est tout le paradoxe !
Après avoir interprété Orlando furioso en concert à Paris en 2003 puis en tournée, vous voici de retour au TCE pour une série de représentations scéniques toujours avec Spinosi au pupitre et Pierre Audi à la mise en scène. Qu’aimez-vous le plus exprimer, mettre en avant avec ce personnage inspiré de l’Arioste?
M.N. L. : Ce que j’aime dans ce rôle, c’est ce que j’aime chez Vivaldi, à savoir la grande théâtralité et la grande humanité de sa musique. On y trouve une force, une joie de vivre dans ses airs de bravoure, mais également un amour de la vie, beaucoup d’espérance et de naïveté. Je trouve formidable que la musique soit au service de l’action. A partir du moment où la cassure a lieu dans Orlando, il n’y a plus d’air, seulement des ariosos qui demandent un grand investissement de la part du chanteur. Je me sens bien chez Vivaldi car la fragilité demande une grande implication théâtrale pour lutter contre l’ennui. Sa musique est très exigeante, mais quand tout est mis en place pour qu’elle fonctionne, c’est superbe.
Le rôle est musicalement très riche, comporte plusieurs airs de bravoure, des lamenti, une scène de folie, demande une importante présence, un ambitus large, une technique aguerrie, une grande gamme d’émotions. Comment parvenez-vous à maîtriser tous ces paramètres?
M.N. L. : Nous devons gérer tout cela avec le théâtre : le travail fait avec le chef et la répétitrice a beaucoup été dans ce sens, la mise en scène de Pierre Audi étant la confirmation de ce que je pressentais dans mon corps, le mouvement venant compléter l’intention vocale. Nous sommes arrivés à un moment où nous pouvons aller jusqu’au bout de ce que nous avons initié depuis 2003 : il s’agit d’un véritable aboutissement. J’aurai été peiné de me retrouver là sans Spinosi : c’est un formidable cadeau.
De quelle manière s’est faite la découverte de votre voix de contralto et comment vous êtes-vous mise à la travailler, à la discipliner ?
M.N. L. : Oh vous savez on discipline davantage la personne que la voix (rires) ! L’important est de « dompter la bête », car on ne peut pas choisir les qualités vocales, nous venons au monde avec un timbre particulier et une tessiture, mais le velouté, la mémoire, le rythme, la prononciation, les nuances ne s’acquièrent qu’avec le travail. Il peut y avoir des instruments merveilleux, mais sans image et des voix plus laides qui créent des mondes ; le travail fait toute la différence. J’ai toujours chanté, je rêvais de faire du classique, car je me sentais portée, élevée et j’ai réalisé très tôt où était ma place. Mon professeur a décelé dans ma voix quelques qualités, mais m’a fait comprendre que je devais travailler sans relâche pour obtenir le meilleur. Souvent ceux qui ont un petit talent se reposent sur cet acquis et ne travaillent plus. Le chant doit être une expression de joie, ce qui expliquent pourquoi les artistes sont exubérants, aiment la vie, mais doivent également apprendre à se gérer et à calmer leurs ardeurs.
Le Premier Prix du Concours Reine Elisabeth et le 1er Prix spécifique du lied en 2000, sont à l’origine du lancement de votre carrière. Quels souvenirs gardez-vous de la période qui a précédé cette date. Avez-vous toujours eu confiance?
M.N. L. : Non je n’y pensais pas, c’est terrible mais je ne suis bien que sur scène, autrement je ne suis que doute. Je me souviens qu’au Conservatoire, je décelais le talent des autres, mais le monde était trop vaste pour que le mien s’y épanouisse. Pourtant je me voyais enregistrer un disque avant trente ans, certains signes m’encourageant à penser que je réussirais, même si je n’ai jamais voulu me donner de faux espoirs. J’aime chanter, faire de la musique et suis ravie d’être parvenue à accomplir ce rêve. Il y avait tout de même une bonne étoile sur mon chemin.
Comment analysez-vous la décennie qui vient de s’écouler ?
M.N. L. : Je suis contente, contente de tout. Je ne pensais pas que cela viendrait si vite, mais il me reste heureusement tant de choses à accomplir. Je peux aborder aujourd’hui des partitions plus lyriques, en raison de l’évolution naturelle de ma voix et suis heureuse d’avoir des engagements jusqu’en 2015.
En terme de répertoire, qu’avez-vous secrètement envie de chanter et pour quelle raison ?
M.N. L. : Tout me tient à cœur : je suis fière que les grandes maisons fassent appel à moi. Je vais chanter avec Daniele Gatti et m’en réjouis. Je me sens honorée qu’il me fasse confiance et m’entraîne avec lui à la Scala avec Falstaff. Le Staatsoper suivra et ce rôle de Quickly est un plaisir total. Il y aura aussi Covent Garden et la Bastille en 2013, Madama Butterfly à Barcelone également en 2013, le Theater an der Wien et des Requiem de Verdi toujours avec le maestro Gatti. Je vais également travailler avec Antonio Pappano : c’est incroyable !
Le Canada a donné de grands noms de Raoul Jobin à Jon Vickers, en passant par Maureen Forrester, Teresa Stratas, ou Léopold Simoneau, dont les carrières ont été internationales. Est-il facile d’être connu à l’étranger et reconnu dans son propre pays ?
M.N.L. : Oui. Je suis appréciée chez moi et en suis très heureuse : je suis reconnue dans la rue, je participe à des émissions de télé, je n’aurais jamais pensé que cela soit possible. Je vais même me voir décerner un doctorat honoris causa du Conservatoire de la région où j’ai commencé, ce qui me touche énormément. Je ne sais pas si je le mérite, mais quel bonheur pour mes parents qui m’ont toujours portée, encouragée. Il faut être conscient de la chance que l’on a, car le métier est très difficile et nous sommes souvent très seul.
Propos recueillis par François Lesueur, le 21 février 2011
Marie-Nicole Lemieux, contralto
Orchestre National des Pays de la Loire
John Axelrod, conductor
Victoires de la musique classique, 2011
Marie-Nicole Lemieux, contralto
Sandrine Piau, soprano
Quatuor Diotima
Yun-Peng Zhao, Naaman Sluchin, violins
Franck Chevalier, viola
Pierre Morlet, cello
1-4. Schoenberg – String quartet no.2
5-10. Webern – Six Bagatelles
11. Webern – „Schmerz immer, Blick nach oben”
12-17. Berg – Lyric Suite
Released on December 6, 2010 by Naïve
EAN 822186052402
Orchestre National de France, Théâtre des Champs-Elysées (Paris) | November 2010
Audace convaincante | Gérard Mannoni | Altamusica, November 18, 2010
En choisissant un programme voué à l’opéra français, Marie-Nicole Lemieux fait un pari audacieux et annonce la volonté d’orienter sa carrière vers un autre répertoire que celui de la musique baroque où elle a jusqu’à présent triomphé. Elle pourrait ainsi combler un manque incontestable et redonner des couleurs à un répertoire quasiment à l’abandon.
(…) Attaquer sans préambule aucun un concert par l’air d’Odette du Charles VI d’Halévy peut être considéré comme une suprême audace frisant la provocation. Mais, superbe musicienne, Marie-Nicole Lemieux n’est pas du genre à tergiverser et elle part au combat avec une bravura de vraie prima donna.
(…) L’expérience semble bien concluante. Les moyens sont là, tant pour la couleur de la voix que pour sa taille, laquelle ne fera que se développer et s’enrichir à la pratique de ces musiques.
La voix de Marie-Nicole Lemieux est naturellement riche en harmoniques, (…) les moyens s’imposent bien au-delà de personnages comme la Geneviève de Pelléas ou même la Mrs Quickly de Falstaff.
L’air de Néris de la Médée de Cherubini, Connais-tu le pays de Mignon, la scène des Lettres de Werther sont abordés avec vaillance et beaucoup d’intelligence musicale. Mignon et Werther notamment bénéficient déjà d’une approche quasi idéale, avec une technique très maîtrisée qui permet à la cantatrice de ne donner toute sa voix que lorsqu’elle le souhaite. Elle possède en particulier un art des sons piano et mezza voce rare aujourd’hui, ce qui lui permet de phraser avec élégance et raffinement.
Sans doute, Carmen lui convient-il moins bien alors que Dalila, donné en bis, semble complètement dans la direction de ce qu’elle tente désormais. Le souffle est ample, le haut de la tessiture vaillant, la couleur et la matière de la voix très adaptés a priori à ces héroïnes un peu orphelines en des temps où la plupart des mezzos et prétendus altos dramatiques ont des voix aussi claires que celles des sopranos, exception faite de quelques artistes des pays de l’est.
Un disque correspondant à ce programme placé sous la baguette de Fabien Gabel et où l’Orchestre national a été un partenaire de luxe en charge de quelques discrètes pages symphoniques a été enregistré. Il servira de jalon dans cette carrière passionnante et en pleine évolution.
Son cœur s’ouvre à sa voix | Christophe Rizoud | Forum Opéra, November 18, 2010
Marie-Nicole Lemieux, c’est une voix et un cœur, pourrait-on dire en allusion à l’extrait de Samson et Dalila qu’elle interprète en bis de ce récital parisien et dans lequel elle est aujourd’hui sans rivale. De sa voix, on a déjà dit tout le bien qu’on pensait lors de la parution de Ne me refuse pas, son enregistrement d’airs d’opéras français. Le programme de la soirée en reprend sept des onze titres. Sur la scène comme au disque, on retrouve cet art de la diction qui, dans le répertoire français pour nous francophones, est indispensable. Contrairement à la plupart de ses consœurs contralto (…), le volume ne souffre pas d’un orchestre à l’effectif fourni dont Fabien Gabel maitrise parfaitement l’intensité sonore, réservant ses effets les plus spectaculaires aux seuls passages instrumentaux. Ajoutées à la puissance, l’ampleur autant que la largeur légitiment le choix d’un répertoire qui, pour les voix de cette tessiture, compte peu d’élues. Les graves, même au plus bas de la portée, semblent naturels. La scène d’Odette dans Charles VI, choisie avec audace pour ouvrir le tour de chant, en offre les meilleurs exemples. Un vibrato savamment contrôlé sur toute la longueur empêche l’aigu d’osciller. Les coups de boutoir qu’assène à plusieurs reprises l’air des lettres (Werther) ne le fait pas vaciller. Le timbre moiré garde, dans ses reflets changeants, toute son opulence. C’est précisément ce velours qui rend incomparable « mon cœur s’ouvre à ta voix ». Est-ce lui aussi qui fait de la romance de Mignon, « Connais-tu le pays », un pur moment de grâce ? Pas seulement. Intervient là ce cœur que nous placions pour commencer à l’égal de la voix. Une sensibilité généreuse qui donne à la musique d’Ambroise Thomas l’intelligence que lui refusait Berlioz. On sent, chez Marie-Nicole Lemieux, les sentiments affluer telle l’eau bouillonnante de la source. Contrôlés la plupart du temps, ce qui donne à son chant ce frémissement rare, elle les laisse parfois jaillir comme lorsqu’emportée par la « danse bohème » de Carmen, présentée ici dans sa version instrumentale, elle bondit de sa chaise pour en chanter avec l’orchestre les dernières mesures. Une même vitalité parcourt la « Habanera ». (…) Enfin, on le redit car les couplets de la migraine de La fille du tambour-major – dédiée par Marie-Nicole Lemieux à toutes les femmes dans la salle – le confirment, les talents comiques de la chanteuse, un mélange gourmand d’espièglerie et de bonne humeur, sont une mine d’or que les directeurs d’opéras seraient inspirés d’exploiter.
Défense et illustration du chant français | Sébastien Gauthier | ConcertoNet, November 18, 2010
Le Théâtre des Champs-Elysées est plein alors que le programme n’est, sur le papier en tout cas, peut-être pas aussi immédiatement attractif qu’une symphonie de Beethoven ou de Mahler… (…) Marie-Nicole Lemieux, que l’on a déjà entendue aussi bien dans le répertoire baroque que dans les symphonies de Mahler ou Pelléas et Mélisande de Debussy, révèle ici des talents insoupçonnés aussi bien de chanteuse que de comédienne, talents qui n’avaient peut-être jamais été aussi éclatants.
(…) Marie-Nicole Lemieux incarne magnifiquement la figure d’Odette, inspirée du personnage historique d’Odette de Champdivers, qui fut la maîtresse du roi Charles VI et qui semblait être la seule à pouvoir calmer ses accès de folie, dans un air tourmenté qui, à partir d’une délicate césure orchestrale annoncée par les deux flûtes et un cor, devient beaucoup plus apaisé avant de se conclure sur une note totalement enflammée. (…)
Cherubini était ensuite à l’honneur avec un extrait son opéra le plus célèbre, Médée (…). L’extrait est justement célèbre pour mettre en valeur, en premier lieu, non la voix, mais le basson qui inaugure le passage dans une douloureuse introduction, véritable écrin où Marie-Nicole Lemieux peut ensuite se glisser en toute quiétude. Ecoutée par un public attentif et silencieux comme rarement, elle émeut de bout en bout, révélant des talents de tragédienne hors de pair.
Aujourd’hui, la programmation des œuvres d’Ambroise Thomas se fait rare, même si plusieurs scènes françaises programment de temps à autre Hamlet ou Mignon. (…) L’air choisi par Marie-Nicole Lemieux, « Connais-tu le pays? », permet à la jeune chanteuse de jouer là encore sur la diversité des climats, passant de la douce nostalgie instaurée par la flûte solo à la douleur sentimentale (« Hélas!… Que ne puis-je te suivre vers ce rivage heureux ») avant de retrouver une atmosphère bienfaisante (« Connais-tu la maison où l’on m’attend là-bas »). L’Orchestre national de France, dirigé par un Fabien Gabel à la gestique toujours aussi martiale, est excellent, bénéficiant d’une finesse absolument exceptionnelle de la part des instrumentistes.
(…) Tout autre est le climat de « Qui m’aurait dit la place », tiré de Werther (…). La transparence orchestrale accompagne merveilleusement Marie-Nicole Lemieux qui, plus que dans tout autre air du concert, se révèle plus tragédienne que chanteuse, l’effroi se muant finalement en désespoir total. Là aussi, triomphe attendu et inévitable.
Enfin, comment conclure un tel concert sans rendre hommage à Carmen (…). Même si les deux extraits orchestraux furent enthousiasmants (Marie-Nicole Lemieux se mettant même à chantonner et à tournoyer sur scène lors de la « Danse bohème » !), c’est surtout la fameuse « Habanera » qui est à marquer d’une pierre blanche, la cantatrice québécoise jouant d’un air (et d’un ton) mutins, délicieusement pervers, qui envoûtent l’assistance comme rarement.
Face à un tel triomphe – le mot n’est pas trop fort – Marie-Nicole Lemieux, riante, d’une fraîcheur et d’une simplicité rares, et Fabien Gabel se devaient de donner un bis : ce fut l’air « Mon cœur s’ouvre à toi », extrait de Samson et Dalila (1877) de Saint-Saëns. Enthousiasme renouvelé des spectateurs!
Marie-Nicole Lemieux, verse-nous l’ivresse ! | Olivier Mabille | ResMusica, November 21, 2010
On ne présente plus Marie-Nicole Lemieux, qui, dans Vivaldi, Brahms ou Fauré, a marqué les auditeurs par son timbre aux reflets fauves. Du récital qui vient de paraître chez Naïve, on n’entendra en fait que les airs les plus célèbres, en dehors de la belle scène de Charles VI. On s’en console vite cependant. Le chant allie l’exactitude au naturel et les mots, fermement posés, lui assurent un relief que l’accompagnement de bonne tenue, mais assez plat, ne renforce guère. La souplesse d’une voix pourtant considérable et la maîtrise du registre aigu lui permettent de rendre justice à la grande scène de Halévy, qui enchaîne un récitatif tourmenté, une cantilène digne de Bellini et une partie rapide héroïque. (…) « Connais-tu le pays ? » est un succès total, accompagné avec délicatesse : le fondu des couleurs de chaque strophe est admirable, le moelleux du legato et la beauté du timbre font le reste. (…)
La scène de Werther est superbe, malgré des attaques peu nettes de l’orchestre : les lettres sont récitées de façon touchante, comme si Charlotte les connaissait par cœur, et la strophe finale emporte par son ardente simplicité. « Je me sens prête », déclarait il y a quelques mois Marie-Nicole Lemieux à propos de Carmen. Indéniablement, elle crée un personnage, et si cette Carmen semble plus taquine que dangereuse, ses ports de voix ironiques sont un enchantement. Après la Danse bohème et un somptueux air de Dalila, Marie-Nicole Lemieux se retire aux accents de « J’ai la migraine ». Le public, lui, est aux anges.
Marie-Nicole Lemieux, contralto
Fabien Gabel, conductor
Orchestre national de France
1. Massenet – Ne me refuse pas | Hérodiade
2. Cherubini – Ah ! nos peines seront communes | Médée
3. Halévy – Sous leur sceptre… Humble fille des champs | Charles VI
4. Berlioz – Heureux enfants… | Roméo et Juliette
5. Wormser – Qu’Apollon soit loué… Ombre d’Agamemnon | Clytemnestre
6. Thomas – Connais-tu le pays ? | Mignon
7. Massenet – Werther, Werther ! Qui m’aurait dit la place… | Werther
8. Bizet – L’amour est un oiseau rebelle | Carmen
9. Berlioz – Je vais mourir | Les Troyens
10. Saint-Saëns – Mon coeur s’ouvre à ta voix | Samson et Dalila
Released on August 24, 2010 by Naïve
Réf V5201
Bizet – Carmen
“L’Amour est un oiseau rebelle”
Carmen – Marie-Nicole Lemieux
Orchestre National de France
Conductor – Fabien Gabel
Extract of the CD Ne me refuse pas
Thomas – Mignon
Mignon – Marie-Nicole Lemieux
Orchestre National de France
Conductor – Fabien Gabel
Extract of the CD Ne me refuse pas